Francia, Parigi, 22 marzo 2023: Evgenia Kara-Murza, moglie del mio amico Vladimir Kara-Murza, era a Parigi questa settimana per partecipare ad alcuni eventi sugli oppositori politici russi e per incontrare in modo più informale i parlamentari di tutta Europa che si trovavano nella capitale per diverse riunioni dell’Assemblea parlamentare del Consiglio d’Europa. Era la prima volta che incontravo Evgenia, ma subito abbiamo avuto l’impressione di conoscerci da sempre. Vladimir mi aveva parlato spesso della sua formidabile moglie e parlando con lei ho scoperto anche che molto spesso aveva parlato di me in termini esageratamente lusingatori.
Abbiamo pranzato ad Avenue Kléber di fronte alla sede parigina del Consiglio d’Europa, dove partecipavo a una riunione della Commissione per gli affari giuridici e i diritti umani. È in questa stessa brasserie parigina che, il 4 aprile 2022, ho pranzato per l’ultima volta con Vladimir. Era venuto a testimoniare con il suo caratteristico coraggio davanti alla nostra commissione sulla situazione dei prigionieri politici in Russia. Questo avveniva poche settimane dopo l’inizio della guerra di aggressione di Putin contro l’Ucraina. Gli arresti arbitrari degli oppositori stavano già assumendo una dimensione preoccupante a Mosca. Insieme ai nostri amici comuni Emanuelis Zingeris (lituano) e Boris Cilevics (lettone), abbiamo esortato Vladimir a non tornare a Mosca, certi che sarebbe stato arrestato. “Sono un politico russo, non posso pensare di fare politica fuori dal mio Paese”, ci disse gentilmente ma chiaramente. Sette giorni dopo, è stato arrestato per un motivo banale e condannato a 15 giorni di detenzione. Come sempre accade con il regime di Putin, le accuse si sono inasprite prima della fine della pena e ora, accusato di alto tradimento, rischia una condanna a vent’anni di carcere. Attualmente è detenuto in uno di quei terribili campi di prigionia che non hanno nulla da invidiare a quelli del periodo staliniano.
A pranzo ci sono anche la nostra amica Marie Mendras e il mio collega deputato croato, Davor Ivo Stier. Chiediamo a Evgenia notizie di Vladimir. Le è vietato comunicare con lui, ma sa che è molto debole: ha perso 20 chili e ha difficoltà a camminare. I suoi maltrattamenti hanno riacceso i postumi del doppio avvelenamento da novichok che ha subito nel 2015 e nel 2017. È un pranzo incredibile, da un lato è pieno di sofferenza personale, dall’altro di felicità per essere lì insieme alla compagna e agli amici di Vladimir. Evgenia è una persona straordinaria che sta portando avanti una lotta quasi disperata per la liberazione del marito. Lo fa con calma, passione e determinazione. Nemmeno per un momento, nonostante l’ansia e il dolore, rimpiange le scelte di Vladimir. Con umorismo e un pizzico di nostalgia, Evgenia ci ricorda la prima campagna elettorale persa dall’allora ventiduenne Vladimir nel dicembre 2003: “le uniche elezioni libere, ma non giuste, che abbiamo mai vissuto”. Vladimir era riuscito a riunire sotto il suo nome i fratelli nemici dell’opposizione. Fece un’ottima campagna elettorale, ma alle 16:30 (al calar della notte in quel periodo dell’anno) venivano spenti i suoi manifesti elettorali e l’audio dei suoi spot televisivi diveniva improvvisamente incomprensibile quando parlava! Quasi un buon momento per coloro che da allora si battono per una Russia democratica…

Mon combat pour Kara-Murza: André Gattolin raconte son bataille en faveur du journaliste détenu dans la Russie de Poutine et de son épouse.
France, Paris, 22 mars 2023 : Evgenia Kara-Murza, l’épouse de mon ami Vladimir Kara-Murza, était à Paris cette semaine pour participer à plusieurs événements sur les opposants politiques russes et pour rencontrer plus informellement des parlementaires de toute l’Europe, présents dans la capitale à l’occasion de diverses réunions de l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe. C’est la première fois que je rencontrais Evgenia, mais immédiatement nous avons eu l’impression d’être de vieilles connaissances, tant Vladimir m’avait de nombreuses fois parlé de sa formidable femme et tant, je le découvrais en échangeant avec elle, il avait très souvent parlé de moi en termes exagérément élogieux.
Nous avons déjeuner ensemble avenue Kléber en face du bureau parisien du Conseil de l’Europe où je participais à une réunion de la Commission des affaires juridiques de des droits de l’Homme. C’est dans cette même brasserie parisienne que le 4 avril 2022 j’ai, pour la dernière fois, déjeuné avec Vladimir qui était venu témoigner avec le courage qui le caractérise devant notre commission sur la situation des prisonniers politiques en Russie. C’était quelques semaines après le début de la guerre d’agression de Poutine contre l’Ukraine. Les arrestations arbitraires d’opposants à ce conflit prenaient déjà une dimension inquiétante à Moscou. Avec nos amis communs Emanuelis Zingeris (Lituanie) et Boris Cilevics (Lettonie), nous pressions Vladimir de ne pas rentrer à Moscou, certains qu’il serait arrêté. « Je suis in homme politique russe, je ne conçois pas de faire de la politique hors de mon pays », nous a-t-il gentiment mais clairement rétorqué. Sept jours après, il était arrêté pour un motif anodin et condamné à 15 jours de détention. Comme toujours avec le régime poutinien, les charges n’ont cessé de s’aggraver avant la fin de sa peine et, accusé désormais de haute-trahison, il encourt une peine de vingt ans d’emprisonnement. il est actuellement détenu dans un de ces terribles camps pénitentiaires qui n’ont rien à envier à ceux de la période stalinienne.
Au déjeuner avec notre amie Marie Mendras et mon collègue député croate, Davor Ivo Stier, nous demandons à Evgenia des nouvelles de Vladimir. Il lui est interdit de communiquer avec lui, mais elle sait qu’il est très affaibli : il a perdu 20 kilos et il a du mal à marcher. Les mauvais traitements qu’il subit ont relancé les séquelles du double empoissonnement au novitchok dont il a été victime en 2015 et en 2017. Étonnant moment que nous vivons lors de déjeuner, à la fois empreint de souffrance personnelle et de bonheur d’être ensemble, là, avec la compagne et les amis et de Vladimir. Evgenia est une personne remarquable qui porte avec calme, passion et détermination un combat presque désespéré pour la libération de son mari. Pas un instant, et malgré l’inquiétude et la douleur, elle ne regrette les choix de Vladimir. Avec humour et un brin de nostalgie, Evgenia nous rappelle la première campagne électorale perdue par Vladimir, alors âgé de 22 ans, en décembre 2003 : « Les seules élections libres, mais non équitables que nous ayons vécues. Vladimir avait réussi le tour de force de rassembler sous son nom les frères ennemis de l’opposition. Il a fait une très belle campagne, mais ses panneaux électoraux voyaient la lumière qui les éclairaient coupés à 16h30 (à la nuit tombée à cette période de l’année) et le son de ses publicités télévisées devenaient soudainement inaudibles lorsqu’il parlait ! ». Presque le bon temps pour ceux qui luttent depuis pour une Russie démocratique…
André Gattolin